Raphaël Dallaporta

Série

Existant 
A Tirages Paladium par Anne Lou Buzot Encadrement #1 h : 139 cm l : 74 cm
B Tirages Paladium par Anne Lou Buzot Encadrement #1 h : 139 cm l : 230 cm
C Tirages Lambda par l’Atelier Boba Contrecollages #12 h : 66 cm l : 46 cm

Date

Ma Samaritaine 2017

à propos

Tenant d’une photographie documentaire au sens le plus strict du terme (répétition de l’approche, protocoles systématiques, constance esthétique) cet artiste aime depuis plusieurs années développer ses projets en relation avec la science. Ou, en tout cas, avec des scientifiques. Qu’il emprunte leurs instruments ou fasse guider son approche par des principes mathématiques ou physiques venus d’autres champs que ceux du visuel il arrive à combiner rigueur et poésie. Et il restitue ses propositions à visée symbolique dans des pièces raffinées qui associent différentes techniques de tirage en restant extrêmement rigoureux dans l’élaboration esthétique de pièces qui n’ignorent pas la fantaisie.

Le Projet

L’invitation à se plonger dans un vertigineux va et vient entre passé enfoui et futurs émergents est la clé de voûte de l’installation Existant conçue par Raphaël Dallaporta dans le cadre initial de la Carte blanche Samaritaine. 

Les séries traitées par Raphaël Dallaporta ont fait l’objet d’étroites collaborations avec des professionnels couvrant un large champ de préoccupations humaines. Il a notamment travaillé avec des militaires (Antipersonnel, 2004), des médecins (Fragile, 2009), ou des archéologues (Ruins, 2011) et a cherché à rendre visible des phénomènes, objets ou territoires, respectivement cachés, tabous ou inaccessibles. 

Au terme d’enquêtes à la rigueur scientifique et de longues prospections, Dallaporta établit des protocoles de prises de vues et tente d’extraire la photographie de son statut purement documentaire pour convoquer une vision symbolique. 

Inspiré par les méthodes archéologiques utilisées lors de son précédent projet (Chauvet - Pont d’Arc, 2016), Raphaël Dallaporta crée pour la Samaritaine l’œuvre Existant, regard singulier sur ce chantier historique, sa structure en devenir et son empreinte dans la ville. 

Pour ce travail, il a pu compter sur le soutien de Séverine Chabaud, chargée de Communication et sur la complicité d’Arnaud Nouailhas, chargé d’Environnement & de Développement durable sur le chantier. Grâce à la précieuse expertise de ce dernier, l’artiste a fait évoluer son intention initiale de produire une représentation de ce grand œuvre, à partir de données enregistrées par les instruments de mesure qui assurent la veille automatisée du chantier au cœur de Paris. 

« Existant » tire directement son nom de l’un des trois plans systématiquement présents sur le chantier: 

Le plan Gros Œuvre: représentant le plafond structurel, depuis l’étage supérieur

Le plan Existant: représentant le bâtiment tel qu’il était au démarrage des travaux, depuis le milieu du niveau

Le plan Archi: représentant le futur bâtiment tel que prévu par les architectes, en regardant vers le bas. 


L’installation

Partant de ces définitions, l’œuvre est composée de trois sous-ensembles: 

Une première vue verticale présentant une grille en état de lévitation, capturée depuis la terrasse du site. Cette grille de béton armé, aérienne, saisie hors de tout contexte temporel ou spatial, traduit le trouble d’échelle qui a saisi l’artiste dès sa première visite sur le Gros œuvre, en même temps que sa fascination enfantine pour les grues. 

Le centre du dispositif est une projection panoramique de l’ensemble du bâtiment principal. Cette seconde vue a été calculée à partir du modèle 3D et de milliers de points enregistrés par mesure laser. Pour l’optimisation des calculs, Raphaël Dallaporta a collaboré avec Roman Eremchenko (Programmeur C++) et est parvenu à une transformation du relevé de manière à faire figurer l’état initial du bâtiment comme s’il était passé sous rayons X. Le point de vue part donc du milieu et rassemble les plafonds et les sols, devenus transparents, aux détails structurels de tous les étages confondus. 

Enfin, un ensemble de douze photographies sont comme directement extraites des murs. Elles ont été initialement réalisées à des fins purement documentaires au cours de la visite des fondations en souterrains. Un flash annulaire vient faire ressortir de l’obscurité les couleurs des différents pigments et aérosols des repères de constructions qui disparaîtrons lors des finitions. Ces douze images, où figurent de nombreux détails liés à la mesure et au calcul, contrastent par leur jeu subtil d’alignement et raisonnement avec l’ensemble précédent. 

A première vue, rien ne rapproche formellement ces compositions de nature très  différentes. La hauteur rigoureuse d’accrochage les inscrit toutes sur un même plan. Cette disposition souligne le lien, ce qui unit ces images à un autre langage universel, celui du chiffre, traduit ici par l’alignement et la lecture symbolique de la grille. 

De manière singulière, chacun de ces éléments interroge notre relation à l’image. 


Raphaël Dallaporta convoque tour à tour l’instant fugace, le détournement de plan et la transformation certaine. Dans cette installation, il observe dans le même temps notre capacité de représentation d’un espace temps relatif, et notre devenir.