Des fantômes et des anges
Ma Samaritaine 2013
Des personnages évanescents, des surimpressions, des dédoublements, des flous, une dématérialisation des êtres et des vêtements souples qui les caressent, le photographe tient le pari de son titre : Fantômes et anges.
Mêlant couleurs pastel et noir et blanc dans lequel domine le gris il impose des visions, une légèreté de mondes flottants, qui ne s’apparentent ni vraiment à de la photographie de mode ni vraiment à du récit. Il affirme pourtant la volonté d’une approche littéraire, d’une démarche poétique qui cultive le mystère. Ce que cet auteur qui partage son temps entre son Liban d’origine et Paris nomme une « poétique de la perte » et qui traverse tous ses travaux. Pour lui la ville est un décor, qui peut apparaître magique ou inquiétant, les personnages ne sauraient se résumer à une identité ou à leur apparence, même lorsqu’il ne les a pas dirigés, comme il l’a fait pour son exploration d’une Samaritaine qu’il s’est appropriée, qui est devenue son décor le temps de la réalisation des images.
« Pris entre les courants d'air, des murmures de voix s'échappent. Chuchotements féminins, exhalés par des pierres anciennes, un bâtiment ressemble à une ville; terne, immense, vide.
La femme s'endort profondément. Elle est stupéfaite.
Dans les couloirs, le couple joue à cache-cache. Ils chuchotent, ils rient ... ils partent. Restent ces images, et un bâtiment ; terne, immense, vide. ».
Et une forme de conte énigmatique qui dialogue avec le fait que l’espace, alors, était en attente d’on ne sait quoi.